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Après trois premières séances collectives consacrées à des enjeux essentiels à la construction de la notion d'”écosophie du numérique” (matérialité, convivialité, exécutabilité, soutenabilité), nous vous proposons un temps de réflexion commun, le lundi 6 mars, de 16h à 18h, à la MISHA et en visio autour des notions de responsabilité et de transparence.

À la différence des séances précédentes, la rencontre prendra la forme d’un partage de lectures. Elle ne sera pas animée par un.e / des intervenant.e.s et ses/leurs invitée.s comme Marcello Vitali-Rosati, Marc Chantreux et Arthur Pons, Raphaëlle Krummeich, que nous remercions encore des dynamiques d’échanges engagées par la pertinence de leurs propositions lors des premières séances.

Nous voudrions plutôt inviter tous les participants de la quatrième séance à échanger autour de la réflexion de deux auteurs, Hans Jonas et Aaron Swartz, que nous aborderons par l’intermédiaire de deux ou trois très courts textes que nous soumettons à votre lecture :

Pour Hans Jonas :

·      Hans Jonas et Ariane Favre, « Technologie et responsabilité Pour une nouvelle éthique », Esprit, Nouvelle Série, No. 438 (9) (septembre 1974), p. 163-184.

·      Éric Pommier « En quel sens Le principe responsabilité est-il un humanisme ? », In : L’éthique de la vie chez Hans Jonas [en ligne]. Paris : Éditions de la Sorbonne, 2013 (généré le 31 janvier 2023). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/psorbonne/103805>. ISBN : 9791035107819. DOI : https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.103805

Nous vous renvoyons plus largement à l’ouvrage d’Hans Jonas, Le principe responsabilité (1979).

Pour Aaron Swartz :

·      “When is Transparency Useful ?” (A quel moment la transparence se révèle-t-elle utile ?) d’Aaron Swartz (version française de l’édition B42)

·      “On Intellectual Dishonesty” (Sur la malhonnêté intellectuelle), toujours de Aaron Swartz (version française de l’édition B42).

Nous vous renvoyons plus largement à l’ouvrage Celui qui pourrait changer le monde, Aaron Swartz, Ecrits aux éditions B42 ou écouter l’émission de France Culture : Ce que l’on doit à Aaron Swartz.

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Prochaines séances d’Écosophie du numérique :

Nous préparons aussi pour le deuxième semestre les séances d’Écosophie du numérique autour des “communs/commons”.

N’hésitez pas à faire des propositions si vous avez des idées de séance à animer, d’intervenants à contacter et de lectures stimulantes à partager. La liste ecosophie-du-numerique sert à ces échanges.

Photographie mise en avant : Photo de ANGELA BENITO sur Unsplash

Marc Chantreux et Arthur Pons ont proposé d’animer la deuxième séance de l’Atelier de recherche “Écosophie du numérique” qui aura lieu le jeudi 17 novembre 2022, en présentiel à la MISHA (salle de la table ronde) et en distanciel.

Pour recevoir le lien de connexion, merci d’écrire à anne.reach-ngo [at] uha.fr avant le 17 novembre 14h, pas d’envoi après.

L’Atelier de recherche consacré en 2022-2023 à l’Écosophie du numérique entend développer, au sein du projet EVEille, un temps spécifique, dans le cadre d’un séminaire mensuel qui se tiendra en bi-modal, en présence, sur le site de la MISHA (Maison Interuniversitaire en Sciences Humaines – Alsace), et à distance, en visio-conférence. Le format de deux heures mensuelles, les jeudis de 16h à 18h, favorisera le temps de la réflexion, avant, pendant et après les rencontres. Celles-ci s’organiseront en trois temps : une présentation problématisée autour d’une notion centrale aux enjeux de l’écosophie du numérique, un retour sur les lectures menées par les participants pour nourrir la réflexion et une discussion sur les pratiques du numérique en SHS que de tels échanges peuvent conduire à mettre collectivement en œuvre, en relation avec des collectifs déjà existants ou des initiatives individuelles.

Présentation des intervenants

Chargé de recherche au CNRS rattaché aux Archives Henri-Poincaré—PReST, Baptiste Mélès étudie les apports mutuels entre les sciences formelles (logique, mathématiques, informatique), la linguistique comparée et la philosophie. Son approche de l’informatique repose sur l’étude linguistique et philosophique des codes sources, avec
un intérêt particulier pour les concepts fondamentaux des systèmes d’exploitation.

Né à l’époque où l’informatique entre dans les écoles, Marc Chantreux partage la croyance de l’époque en un progrès infini et une humanité bientôt universellement libérée par l’érudition des contraintes physiques et des contraintes matérielles. Il écrit ses premiers bouts de code en 1984 et traine dès lors dans les milieux technophiles qui lui feront découvrir entre autres Internet, Unix et la culture des hackers.
L’explosion du marché de l’informatique l’amène à penser que la culture cyberpunk dit bien plus sur le monde à venir que tous les récits avec lesquels il a grandi, il prend conscience de la portée politique de la résistance qu’il oppose en continuant à pratique et faire la promotion d’un numérique devenu alternatif. Cette expérience a nourri sa réflexion actuelle sur la place du numérique au sein d’une société hyperconnectée mais de plus en plus fragilisée par les crises économique, politique et écologique. Ingénieur à l’Unistra, membre du GDS Ecoinfo, toujours actif dans les milieux libristes, Marc continue à co-construire les notions centrales de sa proposition : le convivialisme et le post-personnel.

Arthur Pons est ingénieur de recherche en informatique au pôle Calcul Et Services Avancés à la Recherche (CESAR) de la Direction du Numérique de l’Université de Strasbourg. Particulièrement sensible aux enjeux socio- environnementaux, il essaye de faire sens de ses compétences dans un monde dont il espère qu’il en aura moins besoin à l’avenir. Déçu des pratiques et cultures informatiques encouragées lors de sa formation initiale, c’est en découvrant la culture Unix et le convivialisme qu’il parvient à imaginer un numérique possiblement composable avec le reste du monde. Au sein de l’université de Strasbourg il cherche à monter une équipe d’appui à la recherche qui puisse répondre aux demandes d’équipes de recherche voulant circonscrire leurs méthodes numériques aux limites planétaires. Par ailleurs à travers son engagement associatif, il construit et diffuse de nouveaux récits sur le numérique, à la croisée entre l’héritage unixien, la culture ingénieuriale française et la “génération Greta”.

Vincent Buard, 54 ans. Développeur indépendant, c’est à dire dépendant d’autres choses que les salariés. Autodidacte pour la majorité de ce qu’il sait, c’est à dire presque rien sur beaucoup trop de sujets.
N’aime pas tellement parler de lui à la troisième personne, mais à Rome, fait comme les romains.
Est autant content de savoir des choses sur la nature grâce à son tonton chasseur (modèle après-guerre) que des choses sur la philosophie grâce à Jacques Bouveresse ou sur la mécanique quantique grâce à David Louapre.
Pense que tout a commencé à partir en vrille vers le début du néolithique, mais qu’il faut bien s’accommoder du tour pris depuis par l’histoire, et trouver des fonctions aussi peu nuisibles que possible à nos cortex pré-frontaux, à commencer par le sien. Certains rares précédents philosophiques ou artistiques, et quelques-uns de ses contemporains lui laissent un peu d’espoir, malgré les efforts de la majorité d’entre eux pour les ruiner.
A découvert l’informatique sur les premiers 8 bits. Plus tard les PC sont arrivés et il a passé pas mal de temps à installer diverses versions de Linux sur des antiquités. En a toujours un fonctionnel quelque part, même s’il a vendu son âme à Apple il y a longtemps et qu’il a du mal à la récupérer depuis.
Essaie de rendre l’informatique utilisable par des gens qu’elle n’intéresse pas, mais pour qui elle est indispensable, c’est à dire presque tout le monde. Sa clientèle de prédilection depuis quelques années exerce dans le domaine des SHS, ce qui l’arrange bien en tant que philosophe contrarié. Le strapontin qu’il occupe dans ce domaine lui convient à merveille.
Écologiquement pessimiste bien que flexitarien en voie de radicalisation. Effaré par la gabegie perpétrée dans son domaine professionnel en particulier, et tous les autres en général.

Présentation de la séance

Le 12 octobre 2012, Denis Ritchie*, un des pères de l’informatique actuelle ([Unix], [C], …) et co-auteur d’un des livres qui a été probablement l’un des plus lus de toute son
histoire (“le langage C”), mourrait dans l’indifférence quasi-générale. 7 jours plus tôt, le décès de Steve Jobs (dont je peine à trouver la moindre trace concrète de contribution significative) faisait l’objet d’une large couverture médiatique et était pleuré par le monde entier. Cette anecdote à elle seule illustre une distance qui existe entre les consommateurs du numérique et leurs producteurs. Selon ces mêmes ingénieurs, cette distance contribue à dénaturer la valeur sociale de l’informatique : la réduction de cette dernière était une des propriétés attendues par le design des logiciels ([TAOP]).

L’explosion de l’informatique personnelle a permis à de grands acteurs d’imposer leurs standards, convergence d’intérêts économiques et idéologiques que le web renforcera. La monoculture numérique qui en découle a permis l’invisibilisation de technologies et de projets de société qui ont pourtant continué à s’imposer au-delà des sphères
technophiles et qui ont évolué au point de fournir aujourd’hui les outils technologiques, idéologiques, économiques et méthodologiques communs à toutes les cultures numériques alternatives. Ces outils rencontrent un tel succès que même Microsoft (dont le principal acteur a été un opposant de toujours à la culture des communs numériques (voir [An Open Letter to Hobbyists]) est obligé de les utiliser pour éviter son obsolescence (github, wsl, contrinution au kernel linux,..).

Quels sont ces outils, quelles sont les valeurs sociales qui permettent leur vitalité et leur pertinence ? Quelles propositions rendent-ils possibles hui? Quels sont les freins économiques, politiques et culturels à ces projets ? Ce sont les questions que nous tenterons d’approcher durant cette table ronde.

* IEEE Emanuel R. Piore Award 1982, Turing Award 1983, National Medal of Technology 1998, IEEE Richard W. Hamming Medal 1990, Computer Pioneer Award 1994, Computer History Museum Fellow 1997, Harold Pender Award 2003.

Références à parcourir – ou méditer plus avant – en vue de la discussion

• Ivan Illich, La convivialité, Paris, Seuil, [1973], octobre 2021 avec une préface inédite d’Hervé Kempf.
• Mike Gancarz /The UNIX Philosophy/ (1995) : http://www.catb.org/~esr/writings/taoup/html/index.html
• [An Open Letter to Hobbyists] : https://fr.wikipedia.org/wiki/An_Open_Letter_to_Hobbyist
• https://maisouvaleweb.fr/ivan-illich-2-0-dissidence-dans-la-pensee-numerique
• Critiques de l’alternumérisme, présenté par les membres de Framasoft : podcast soundclound
• “Contre l’alternumérisme” de Julia Laïnae et Alep Nicolas.
• EcoInfo : site web regroupant des réflexions et propositions d’action suivant différents axes pour réduire les impacts des TICs sur notre environnement et appliquer ainsi une forme de sobriété numérique par des comportements et des choix éco-responsables.
• “L’Homme unidimensionnel” de Herbert Marcuse : essai qui propose une critique du monde moderne qui emporte à la fois le capitalisme et le communisme soviétique, basée sur le constat, dans les deux systèmes, de l’augmentation des formes de répression sociale.
• “The Road to Wigan Pier” de Georges Orwell : peu avant d’aller prendre part à la guerre civile espagnole, George Orwell fait un reportage au cœur du pays minier anglais, où se trouve Wigan. Ce décor de terrils, de montagnes de boue, de cendres et de suie symbolisant la laideur de la grande industrie, va lui inspirer ce récit.
• Baptiste Mélès, « Unix selon l’ordre des raisons : la philosophie de la pratique informatique », Philosophia Scientiæ. Travaux d’histoire et de philosophie des sciences, nᵒ 17-3, 1ᵉʳ octobre 2013, p. 181-198.
• Baptiste Mélès, « Approche philologique des langages de programmation », Revue des Sciences et Technologies de l’Information – Série TSI  : Technique et Science Informatiques, vol. 35, nᵒ 2, janvier 2016, p. 237-254.
• Baptiste Mélès, « Temps et activité selon Unix », Réseaux, nᵒ 206, 20 décembre 2017, p. 125-153.

Marcello Vitali-Rosati sera le premier intervenant de l’Atelier de recherche “Écosophie du numérique” qui se tiendra le jeudi 6 octobre 2022, à la MISHA (Strasbourg et en distanciel), de 16h à 18h.

L’Atelier de recherche consacré en 2022-2023 à l’Écosophie du numérique entend développer, au sein du projet EVEille, un temps spécifique, dans le cadre d’un séminaire mensuel qui se tiendra en bi-modal, en présence, sur le site de la MISHA (Maison Interuniversitaire en Sciences Humaines – Alsace), et à distance, en visio-conférence. Le format de deux heures mensuelles, les jeudis de 16h à 18h, favorisera le temps de la réflexion, avant, pendant et après les rencontres. Celles-ci s’organiseront en trois temps : une présentation problématisée autour d’une notion centrale aux enjeux de l’écosophie du numérique, un retour sur les lectures menées par les participants pour nourrir la réflexion et une discussion sur les pratiques du numérique en SHS que de tels échanges peuvent conduire à mettre collectivement en œuvre, en relation avec des collectifs déjà existants ou des initiatives individuelles.

Présentation de l’intervenant :

Marcello Vitali-Rosati est professeur titulaire au département des littératures de langue française de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques. Il développe une réflexion philosophique sur les enjeux des technologies numériques: le concept de virtuel, l’identité numérique, les notions d’auteur et d’autorité, les formes de production, légitimation et circulation du savoir à l’époque du web, et la théorie de l’éditorialisation – dont il est l’un des contributeurs les plus actifs. Il est l’auteur de nombreux articles et monographies et exerce également une activité d’éditeur en tant que directeur de la revue Sens public et co-directeur de la collection “Parcours Numériques” aux Presses de l’Université de Montréal. En tant que titulaire de la Chaire sur les écritures numériques, il dirige plusieurs projets en humanités numériques, particulièrement dans le domaine de l’édition savante. C’est dans ce cadre que sont notamment développés des plateformes d’édition de revues et de monographies enrichies, un logiciel d’édition d’articles scientifiques ainsi qu’une plateforme d’édition collaborative du Codex Palatinus 23.

Présentation de la conférence introductive :

À partir de Platon, en passant par Plotin, jusqu’à arriver à notre époque numérique, la matière a été toujours considérée avec un certain mépris. La matière serait passive, donnée, neutre. Le sens, les idées, et tout ce qui nous semble “élevé” seraient du côté de l’immatérialité. Selon cette rhétorique, toute activité associée à la matière – par exemple tout ce qui concerne la mise en forme de contenus, les choix techniques, les activités de balisage et d’encodage de données – serait neutre, peu intéressant et à confier à des “subalternes” – souvent des femmes. Dans ma présentation je vais retracer rapidement l’histoire de cette “rhétorique de l’immatérialité” et montrer ses effets dans une certaine conception – dominante – de ce que nous appelons “le numérique”.

Références à parcourir – ou méditer plus avant – en vue de la discussion avec Marcello Vitali-Rosati :

• Margot Mellet, « Manifeste des petites mains | », Blank.blue, 2021, consulté le 17 juillet 2022.
• Margot Mellet, « Les petites mains de l’édition », présentation dans le cadre du colloque Humanistica 2022 (Univ. de Montréal/en ligne) – 18-21 Mai 2022, , consulté le 17 juillet 2022.
• Nicole Starosielski, The undersea network, Durham, Duke University Press, coll. « Sign, storage, transmission », 2015, 292 p.
• Melissa Terras, « For Ada Lovelace Day – Father Busa’s Female Punch Card Operatives », Melissa Terras, 15 octobre 2013, , consulté le 17 juillet 2022 (paru dans Melissa Terras et Julianne Nyhn, « Father Busa’s Female Punch Card Operatives », dans Matthew K. Gold et Lauren F. Klein (dir.), Debates in the digital humanities: 2016, Minneapolis, MN London, University of Minnesota Press, 2016).
• Marcello Vitali-Rosati, Nicolas Sauret, Antoine Fauchié, et al., « Écrire les SHS en environnement numérique. L’éditeur de texte Stylo », Revue Intelligibilité du Numérique, 2020.
• Le manifeste de l’Association canadienne de Littérature Comparée : ccla.digitaltextualities.ca/presentation/ , consulté le 17 juillet 2022.
• un  billet de blog sur la question de l’écriture : Les chercheurs en SHS savent-ils écrire ?, The Conversation, 11 mars 2018, consulté le 17 juillet 2022.

illustration de l’image mise en avant : Livia Canestraro – Creative Commons CC-BY-NC license by permission of  CIRCSE Research Centre, Università Cattolica del Sacro Cuore, Milan, Italy.